Dans cette première infolettre, nous essaierons d’y voir un peu plus clair au sujet de ces pathologies fréquentes de la rétine périphérique.
Le décollement du vitré postérieur (DVP) est un processus physiologique normal consistant en une séparation du cortex vitréen de la membrane limitante interne de la rétine. Il survient typiquement entre 45 et 65 ans, souvent plus tôt chez les hommes, les myopes, dans les cas de trauma et suite à des chirurgies oculaires. Il conduit à une traction dans la région de la base du vitré et peut donc causer des déchirures et décollements de la rétine. Lors de sa survenue, les patients présenteront typiquement corps flottants et phosphènes. Jusqu’à 20% des patients présentant un DVP aigu auront une déchirure de rétine associée. Une hémorragie vitréenne au même moment augmente le risque de déchirure concomitante à près de 70%. Les patients présentant des symptômes de DVP aigu doivent donc subir un examen détaillé de la rétine périphérique sans délai. Un faible pourcentage de patients pourra développer un bris rétinien plus tardivement et un suivi sera recommandé à l’intérieur d’une période de deux mois, surtout en présence de facteurs de risque (hémorragie vitréenne, myopie, palissades, trauma, pseudophakie et décollement de rétine dans l’œil controlatéral). Tous les patients doivent être avisés de contacter leur professionnel de santé oculaire et de consulter rapidement en cas de changements subis des symptômes.
Les déchirures rétiniennes consistent en un bris de pleine épaisseur de la rétine. Elles peuvent être identifiées lors d’un examen de routine (asymptomatique) ou en association avec un DVP aigu (symptomatique).
Les déchirures operculées et atrophiques asymptomatiques mènent très rarement à un décollement de la rétine. Le traitement est généralement non indiqué dans ces cas.
Les déchirures en fer-à-cheval asymptomatiques peuvent mener à un décollement de rétine dans environ 5% des cas
Le traitement sera considéré en l’absence de signes de chronicité (atrophie du clapet, pigmentation autour de la déchirure). Les déchirures operculées symptomatiques, sans traction résiduelle, peuvent généralement être observées. Les déchirures en fer-à-cheval symptomatiques sont associées, par contre, à un risque de près de 50% de décollement de rétine. Leur traitement réduira ce risque à moins de 5%. Il s’agit en fait de la seule situation où la littérature a clairement démontré un bénéfice au traitement par cryothérapie ou photocoagulation au laser.
La dégénérescence palissadique (lattice en anglais) est une condition vitréorétinienne périphérique consistant en un amincissement localisé de la rétine, une liquéfaction du vitré sus-jacent ainsi qu’une ferme adhérence du vitré aux marges de cette zone.
On y retrouve fréquemment des trous rétiniens ronds à l’intérieur. La dégénérescence palissadique est présente chez 6-8% de la population et conduira à un décollement de rétine chez un peu moins de 1% des patients. Par contre, elle est retrouvée dans 20-30% des yeux présentant un décollement de rétine. Elles ne demandent généralement pas de traitement à moins d’y retrouver une déchirure en fer-à-cheval, laquelle sera souvent symptomatique dans un contexte de DVP aigu. Il n’existe pas de consensus et la littérature ne peut nous éclairer quant au besoin de traiter les dégénérescences palissadiques et les trous atrophiques lorsque l’œil controlatéral a subi un décollement de rétine. Un suivi annuel sera recommandé pour les patients présentant des dégénérescences palissadiques, surtout chez les patients plus à risque tel que les jeunes myopes avec trous à l’intérieur des palissades chez qui un décollement de rétine peut survenir sans DVP. En conclusion, l’évaluation rapide des patients présentant un DVP aigu et certaines déchirures de la rétine est primordial afin d’éviter les conséquences de lésions rétiniennes périphériques non traitées. N’hésitez pas à contacter l’équipe de rétinologues du CHUM en cas de doute ou pour tout urgence!
Comments